passé

L'aiguille avance encore et plus, S'élève toujours en hauteur et  Jamais ne s'arrête, je vois alors Les années passées s'enfoncer Dans la terre molle des souvenirs. le gouffre se creuse et je deviens Minuscule, une fourmi parmi les Décomptes des minutes du temps. La fabrique de ma vie est cet amas D'horloges toujours à l'heure précise, Je cours derrière sans pouvoir les retenir.

Tu me dis que chez toi le brouillard est tenace et que tous tes rêves laissent des traces. Je te vois marcher au bord de l'eau, ton amie, quand tes pensées et tes souvenirs se relient. En toi j'aime la délicatesse du passé qui miroite au soir couchant de mille reflets. Je viendrai mettre mes pas dans les tiens et nos yeux rejoints nous nous prendrons les mains.      

Qu'as-tu fait de ton amour, le temps est passé il a gommé les promesses et les baisers, ta fleur d'autrefois se fane et s'appauvrit. Et toi, quand tes nuits sont lourdes, souvent tu cueilles d'autres fleurs bien plus tendres et bien plus jolies qui se montrent à tous les passants de la vie. Vivre en admiration est-ce vivre ? Qu'as tu fait de notre amour ? Ta fleur est unique, elle est aussi belle que ce bouquet où tes yeux dans leur quête sont attirés.    

La saison des pluies est passée elle a tout préparé, elle quitte le passé pour partir seule sur la route du soleil. Elle porte sur son épaule ses merveilles, ses souvenirs encore colorés, sa vie son arc-en-ciel de mille poésies. Sa valise lourde des injures qui l'ont meurtri elle la jettera au prochain carrefour choisi. Alors légère et ivre de liberté retrouvée elle s'envolera vers d'autre contrées.      

J'ai déjà marché sur cette route, belle trace du passé, dans mes souvenirs elle m'empêche parfois d'avancer, se délite à l'instant présent si je me tourne vers l'horizon. Quel horizon me diras -tu ? celui que tu laisses derrière ou celui qui s'offre à toi désormais ? Tournée vers les orages de la veille, je me défais, je me dénoue à chaque fois qu'un virage m'emmène loin de mon désir initial. Je regarder droit devant cette ligne qui flotte, le regard lointain et je m'approche inexorablement d'elle sans jamais l'atteindre.

Je retourne souvent devant le ponton où nos barques se sont endormies, les images de nos jeux interdits reviennent  quand nous chantions.   Nos airs étaient ceux de l'époque des couronnes à fleurs aux cheveux et des sourires autour des feux assis  sur des pierres qui résonnent.   Au matin nous faisions la course chacun notre barque, rieurs et triomphants sans souci, nous buvions à la source puis nous revenions usés mais contents.                

Dans ma pièce de vie face à moi, je lève les yeux vers l'horloge déstructurée, mon regard, tantôt absorbé par son côté solide me rappelle les heures réelles que les fileuses nous octroient comme si chaque soir en m'endormant je m'adonnais au fruit du destin. Et puis, quand mon esprit vagabonde j'aime penser à la liquidité du temps qui passe entre mes doigts tel un fleuve au débit incertain mais qui charrie dans son lit la mémoire du passé vers un avenir houleux sans que je puisse arrêter le présent.     ... [Lire la suite]

Mon coeur est un bouquet de fleurs qui s'épanouissent à chaque heure. Comme moi, pour mieux les percevoir ferme les yeux surtout dans l'air du soir. Prends ces offrandes florales, c'est mon don, mille pensées de cet univers, nous volons dans les airs en regardant les images d'un passé déconstruit et sans rivage. Pétales dans le vent, nos regards s'y mêlent nos âmes errantes sont-elles  jumelles ?        

Quand les souvenirs parsèment le temps, éclosent chaque jour sur l'herbe du passé, tels les fleurs naissantes dans les prés d'été, je cueille les pensées vêtues de couleurs, je les assemble et les réunie pour composer quelques vers tendres et reposants des poésies  aériennes dans le souffle du vent.     Klimt

Elle apparut au balcon de sa finesse, reflets de sa beauté, les cygnes dansaient, noces immaculées des temps oubliés. Pleurs d'abandon dans le manoir fissuré.       illustration : Franz Skarbina